Demeure et Source

par | 2 avril 2019

Frère Pavel Syssoev

La Maison d’où jaillit l’eau vive, c’est la chair du Christ. Jésus est la demeure de Dieu avec les hommes. En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Il est le Temple détruit dans la Passion et rebâti le troisième jour par la puissance de sa Résurrection. De son cœur ouvert jaillissent les flots de la vie : l’eau et le sang qui nous donnent la vie divine. L’eau qui abreuve et le Sang qui regénère : son Corps ouvert par une lance est la source de vie pour tous les hommes. Ressuscité, il vient vers ses apôtres et répand sur eux l’Esprit Saint, dont l’eau est la figure. Ce qu’Ezéchiel contemple dans sa vision, se réalise dans le mystère du corps de Jésus.

Ce Temple d’où jaillit l’eau vive, c’est l’Eglise du Christ.  Elle est son Corps et son Epouse, elle propage la grâce des sacrements et la lumière de la parole du Christ. Blessée, elle guérit ; détruite, elle relève. Le péché de ses membres la défigure. Le mal de ses ministres l’obscurcit. Mais la fidélité de Dieu la fait porter des fruits nouveaux. Dans chaque génération, elle engendre des saints. A chaque époque, elle assainit les eaux de notre histoire. Elle désaltère les multitudes. Sans cesse, aux prises avec le mal, dont notre cœur demeure complice, elle demeure. Les puissances du mal n’emporteront pas contre elle. Elle demeure, non pas par sa force, mais uniquement par la miséricorde de Dieu. Notre péché la blesse. La fidélité de Dieu la purifie. Ce qu’Ezéchiel contemple dans sa vision, se réalise dans le mystère de l’Eglise.

Ce Temple d’où jaillit l’eau vive, c’est chacun de nous. Le dernier jour de la fête Jésus proclame à pleine voix : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Selon le mot de l’Ecriture : de son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devait recevoir ceux qui croient en lui (Jn 7, 37-39). Tout homme né de l’Esprit, porte l’Esprit et est porté par l’Esprit. Cette eaux vive murmure en lui : Va vers le Père. Un homme de l’Esprit, une femme de l’Esprit deviennent pour leur prochain et pour le monde entier une source de la vie divine. Nous portons un grand trésor dans les vases d’argiles que nous sommes. Un grand trésor pour la vie du monde. Que nos péchés ne l’étouffent pas ! Que notre lâcheté ne fasse pas tarir cette source ! Que notre mal n’empoisonne pas cette eau vive que Dieu veut donner au monde. Car ce qu’Ezéchiel contemple dans sa vision, se réalise aussi dans le mystère que nous sommes.

Frère Pavel Syssoev

Frère Pavel Syssoev