Ite ad Joseph ! – Solennité de la saint Joseph

par | 19 mars 2021

Frère David Perrin

J’ai eu, cette nuit, un songe. Et voilà, frères et sœurs, ce que j’ai vu : une ville à feu et à sang. Des ruines fumantes et des décombres, partout. Aux coins des rues, des soldats, des miradors. Des places occupées, des monuments détruits, des églises, profanées. Sur les portes  et sur les murs étaient gravés les noms des Antéchrist (Hérode,  Néron…) et le chiffe de la Bête. Le peuple de Dieu, dispersé, terrorisé, attendait, depuis des mois, un signe, un secours du Seigneur. Il vint à l’heure où l’on ne l’attendait pas. Il y eut, une nuit, un bruit comme un violent coup de vent. Une voix puissante se fit entendre : Ite ad Joseph ! Allez à Joseph ! Les gens sortaient dans les rues pour voir d’où venait la voix mais les hauts-parleurs, cette fois, demeuraient muets. Alors, levant les yeux au ciel, nous vîmes les étoiles se rassembler et la figure du saint patron de l’Église se dessiner, lumineuse dans la nuit. En un instant, saint Joseph avait rallumé notre espérance !

Qu’ai-je vu, frères et sœurs, dans ce rêve ? Le signe de la fidélité de Dieu, le rappel de l’indéfectible assistance de Joseph, l’époux de la Vierge Marie, le gardien de la sainte Famille, le protecteur de l’Église. Joseph était là au premier avènement du Christ. Il a été l’instrument de la providence pour contrer Hérode et collaborer à l’œuvre de notre rédemption. Aujourd’hui encore, il œuvre et prépare, de toutes ses forces, le second avènement de son Fils. Joseph sera toujours là pour soustraire la mère et l’enfant, l’Église et ses enfants, aux mains de ceux qui lui veulent du mal. Ite ad Joseph ! Voilà ce que le pape François, au nom du Christ et de toute l’Église, nous rappelle en cette année troublée.

Allons à Joseph ! Invoquons sa protection et sa bénédiction sur nous, sur l’Église et sur le monde. Allons à Joseph ! Qu’il nous apprenne à être justes dans un monde qui ne l’est pas, à demeurer calmes et confiants quand nos projets de vie sont bouleversés, contrariés ou carrément ruinés. Qu’il nous apprenne à accepter les desseins mystérieux de la providence ou plutôt à les adopter. Car lorsque Joseph a reçu dans ces bras cet enfant qu’il n’avait pas conçu, il ne l’a pas accepté à moitié, du bout du cœur. Il l’a fait sien et l’a aimé de tout son cœur. Il a été son père. Qu’il nous apprenne également à lutter avec détermination et intelligence contre les puissants de ce monde, sans avoir peur de changer nos plans et de nous lancer dans l’inconnu. Qu’il nous apprenne à nous emparer des trésors de grâces qui nous sont offerts —  trésors de myrrhe, d’or et d’encens ­— pour vivre libres. Sur les routes où nous sommes jetés, Joseph nous murmure : « Ne crains pas mon enfant ! Je veille sur toi comme j’ai veillé sur Jésus et Marie. Je veille sur ta vie et je veille sur ta mort. » Joseph est le patron de la bonne mort, la mort du juste, la mort de celui qui ne craint pas la mort, parce qu’il croit au Dieu vivant.

Alors quand notre cœur est comme une ville en ruine, quand le monde autour de nous devient fou et que nous sommes tentés de céder au désespoir, quand l’Église elle-même nous semble vaciller et couler, quand rois veulent bâtir des tours de Babel, des sociétés sans père et sans Dieu allons à Joseph ! Soyons certains qu’il fera pousser dans nos cœurs et sur les décombres des lys blancs et parfumés. Ite ad Joseph ! Allez à Joseph et le Christ viendra à vous !

Frère David Perrin

Frère David Perrin