La femme qui chante

par | 31 mai 2019

Frère Pavel Syssoev

La Bible semble être avare de la parole féminine. Les hommes y sont bavards, ils y parlent beaucoup : ils proclament, ils annoncent, ils expliquent, ils composent des poèmes – parfois même à la gloire des femmes. La première parole d’Adam qui nous est rapportée, n’est-elle pas une poésie à la vue d’Eve : Vraiment, celle-ci est l’os de mes os et la chair de ma chair ? Mais Eve, elle, demeure pour instant silencieuse. Certes, les femmes de la Bible disputent et rient, elles acclament t et posent des questions, elles proposent leurs réponses et confessent leur foi, mais souvent d’une manière lapidaire, comme à dérobé, brièvement, au détour d’une scène. L’Ecriture loue la sagesse de Salomon, mais on aimerait entendre les énigmes que lui pose la reine de Saba !

Si nous mettons bout à bout les paroles des femmes dans la Bible, il y a un genre qui domine : la femme chante. Myriam chante à la traversée de la mer rouge et Anne, la première à parler du Messie, chante. La Sagesse, chante, et les femmes d’Israël chantent après la victoire de David. Elles prient, elles louent, elles bénissent, elles chantent.

Elisabeth bénit et Marie chante. Cette femme qui chante, c’est l’Eglise elle-même. Celle, revêtue du soleil qui crie dans les douleurs de l’enfantement, chante et proclame les merveilles de Dieu. Celle qui met au monde le Verbe éternel, n’enseigne pas, ne commande pas, n’explique pas, elle pousse des cris de joie et éclate en ovation, selon la prophétie de Sophonie. Ce chant est une prière, il est un enseignement, il est un commandement. Il nous prend, il nous porte, il nous engendre à la vie de Dieu. Marie est plus qu’une image ou modèle de l’Eglise – elle l’Eglise. Dieu demeure en elle, et elle le porte. Le Verbe s’incarne en elle, et elle nous le donne. Le Verbe vient en elle, et elle le chante. Le chant de la Vierge Mère est la vie de l’Eglise. Puisse ce chant devenir le nôtre !

Fr. Pavel Syssoev, op.

Frère Pavel Syssoev

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