La joie dans l’amitié – fr. Marie-Arnaud Gualandi, op

par | 5 mai 2012

LA JOIE DANS L’AMITIE

Mémoire de Saint Dominique / 5 mai 2012

Merci frères et sœurs de vous être rendus disponibles pour faire mémoire avec notre communauté de celui qui en est le père, le fondateur, le modèle et le protecteur : saint Dominique. Nul besoin de justifier l’actualité de son charisme, vous êtes là, nous aussi… et nous sommes dans la joie.

Mais d’où vient cette joie ? Sa justesse, son actualité ? Commençons par reconnaitre le don que le Seigneur nous fait de l’amitié. Cette amitié célébrée ici même en cette église et si souvent lorsque vous partagez notre prière, notre Prédication.

Notre joie est bien celle de l’amitié. Si j’évoque notre amitié et si j’affirme qu’on la célèbre ce n’est certes pas en pensant à des sentiments humains ou utiles que l’on aurait trop vite recouverts de formes religieuses.

Comme à l’époque de Dominique, le prélat, son légat ou son acolyte font encore un peu d’effet en société…

En évoquant l’amitié, je ne pense pas davantage à une relation fraternelle que l’on aurait rendue plus familière en la dépouillant de sa raison d’être chrétienne.  Là, l’exigence de la fraternité se dilue dans la complicité facile.

Comme à l’époque de Dominique, le prestige du monde et parfois même ses vanités frappent toujours aux portes des cloîtres et du cœur chrétien. La foi vous dérange Monsieur du monde ? Négocions-la, faisons « cathare » ! Le Pape vous agace, les dogmes vous frustrent, les commandements vous contraignent, les conciles ? Faisons autrement selon notre fantaisie, selon nos bouderies. Plus à droite dit l’un, à gauche toute crie l’autre, peu importe la vérité soyons amis, soyons complices.

L’amitié chrétienne est autre chose ; plus vaste, elle prend sa source en Jésus, et la célébrer, c’est célébrer avant tout celui qui nous appelle ses amis. Dominique était l’ami de Jésus-Christ et il voyait tout homme dans la lumière de cette amitié… il voyait tout pécheur à la lumière de la miséricorde dont lui-même vivait jusqu’au don de soi : car pour lui, l’amitié du Christ est bien le cœur de son cœur.

« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande, mon commandement le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Le message est clair, profond, limpide.

Cette nouvelle peut changer notre vie. Elle doit sans cesse nous convertir ! Pensons-nous être suffisamment disciples ?  Assez chrétiens ? Suffisamment amis de l’Epoux ? Nous contenterons-nous d’amitiés mondaines ?

Oui, l’amitié du Christ change notre vie !

Oui, le fruit de cette amitié, notre joie est grande car nous apprenons à mesurer par le cœur l’infini. Notre joie est grande et elle est concrète : des frères qui prient et travaillent, des laïcs qui travaillent et prient. Aujourd’hui nous fêtons saint Dominique et nous ne nous autocélébrons pas : notre cœur est d’abord uni en Jésus mais nous célébrons une amitié réelle faite de personnes, de frères…

Merci frères et sœurs, chers amis d’être venus, parfois de loin, de Lourdes ou de Bayonne, de Charente ou du Périgord, du pays de Loire ou de la rue Ravez ou d’ailleurs. Notre amitié vient de loin, pour beaucoup même elle vient de régions plus lointaines encore et sombres où le péché, le mensonge, où la tristesse, l’irréligion, la soif semblaient devoir l’emporter et briser notre espérance. Alors est venue la lumière du Christ. Ensemble nous avons traversé les déserts. Nous venons de loin mais désormais abreuvé à la même source, unis dans le cœur de Dieu nous sommes devenus proches, amis du Christ, amis les uns des autres. Aujourd’hui comme hier la prière de saint Dominique nous invite à aller plus profond, plus avant. Il a perçu dans le Christ cette veine de sang sauveur qui arrache aux profondeurs de la mort pour conduire à la vie. Une veine de sang et d’amour qui par lui, Dominique, passe par nos communautés fraternelles, par notre amitié et le propre sang de nos veines : enfin elle nous apporte la joie lumineuse et éternelle des noces du Christ avec l’humanité renouvelée.

O Lumière de l’Église,

Docteur de la vérité,

Rose de patience,

Ivoire de chasteté,

Vous nous avez abreuvés

Gratuitement de l’eau de la sagesse;

Prédicateur de la grâce,

Faites-nous parvenir au séjour des Bienheureux.

fr. Marie-Arnaud Gualandi, O. P.

Fr. Marie-Arnaud Gualandi