La « parrhésia » ou l’audace des saints !

par | 8 janvier 2021

Frère David Perrin

Certains mots, dans l’Écriture, sont des merveilles ! Mais beaucoup, malheureusement, passent inaperçus ! Prenons, par exemple, le mot « parrhésia » que l’on traduit généralement par « assurance ». Saint Jean l’emploie à propos de la charité qui vient de Dieu : « Voici comment l’amour atteint, chez nous, sa perfection : avoir de l’assurance au jour du jugement. Comme Jésus, en effet, nous ne manquons pas d’assurance en ce monde ! » (1 Jn 4, 17)

Étonnant, n’est-ce pas ? Et pourtant, rien de plus vrai ! Celui qui est établi dans la charité n’a pas peur de Dieu. Au jour du jugement, il demeure calme, confiant, assuré. Pas la moindre trace, en son âme, d’arrogance, de défi ou d’orgueil mal placé. Il n’est pas sûr de lui mais de Dieu qui est son rempart. Dieu l’aime et ça lui suffit. Voilà le secret de sa force ! Celui qui demeure dans l’amour de Dieu ne cherche pas, à tout bout de champ, le regard et l’approbation des autres, en faisant le beau. Il ne passe pas son temps à se faire valoir mais valorise plutôt les autres. Parce qu’il a trouvé l’amour, le vrai amour, l’amour de Dieu, il avance, dans le monde, avec une confiance et une audace déconcertantes.

Le mot « parrhésia » traduit tout cela : assurance, audace, hardiesse. Si l’on regarde comment le mot a été construit, on découvre encore autre chose. La première partie du mot « parr- » vient de « pan » qui veut dire « tout » et la deuxième partie, « rhésia », vient de « rhéma » : « ce qui est dit » et qui a donné « rhétorique ». La « parrhésia » est donc, très littéralement, la liberté, le droit de tout dire, de tout demander !

C’est bien ce qui arrive, quand on aime Dieu ! On ose l’appeler « Abba », Père, et lui demander des choses folles. Comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, par exemple, qui demande à Dieu la grâce de la conversion du bandit Pranzini ou saint Jean Bosco qui demande à Dieu de l’argent pour sauver son patronage. Et Dieu les exauce. Les saints audacieux ne cherchent pas à profiter de la bonté de Dieu et n’ont pas l’intention d’abuser de ses largesses. Dieu, de toute façon, ne se laisse pas faire ! En réalité, c’est lui qui inspire aux saints de tels désirs. L’amour de Dieu enhardit.

Ayons, donc, de l’audace, frères et sœurs ! Cessons de faire nos autruches, timides et craintives. Sortons la tête du sol et osons nous adresser au Père des cieux pour lui demander, avec piété et persévérance, les biens qui serviront à notre salut. Mais ayons, par-dessus tout, l’amour ! Car c’est de l’amour parfait que découle l’audace des saints. Et non l’inverse !

Frère David Perrin

Frère David Perrin