L’épiphanie, c’est le noël de Jésus !

par | 4 janvier 2022

Frère David Perrin

Ça va ? Vous êtes bien installés ? Vous n’avez pas trop froid ? pas trop chaud ? Bon. Tant mieux. Dites-moi. Juste une petite chose. Vous n’avez pas l’impression d’avoir oublié quelque chose aujourd’hui ? Comment ? Nous souhaiter la bonne année ? Non, c’est pas ça… Je me suis permis de jeter un coup d’œil à droite à gauche durant la procession et je me suis aperçu… que vous n’étiez pas trop chargés en venant dans l’église. J’ai même plutôt l’impression que vous êtes venus les mains vides !
 
Or, l’épiphanie, je vous le rappelle, c’est le Noël de Jésus ! C’est le moment où le Fils de Dieu reçoit des cadeaux des hommes qu’il est venu sauver. C’est pourquoi je permets de poser un peu franchement la question : ils sont où les trésors des mers, les richesses des nations qui sont censés affluer ? Les chameaux de Madiane et d’Épha qui doivent nous envahir et bloquer la rue sainte Catherine ? Les coffrets d’or, d’encens et de myrrhe qui doivent être déposés dans la crèche ? Jésus aurait-il été oublié cette année ? Serait-il le seul enfant dont on aurait oublié les cadeaux ? Cela se pourrait bien…
 
Mais je vous rassure, frères et sœurs, ce ne sont pas les cadeaux matériels que Jésus préfère. Oh, ceux-là, il ne les dédaigne pas. Loin de là ! Jésus ne veut pas que les riches soient chiches. Il ne veut pas que ses disciples amassent tranquillement leur blé sans en donner aux pauvres. Il ne veut pas non plus qu’ils habitent de belles et luxueuses maisons et que les églises, ces demeures sacrées où son culte est célébré, soient délabrées et miséreuses. Ce n’est pas tant pour lui mais pour son peuple et pour son Église que Jésus veut l’or sonnant et trébuchant du travail !
 
L’argent et les richesses qu’on peut lui offrir comptent mais ne sont pas l’essentiel. Que le pauvre, le vrai pauvre, ne rougisse pas et ne craint pas de s’avancer, aujourd’hui, vers la crèche, même s’il n’a rien à donner ! Car l’or, l’encens et la myrrhe que le Seigneur attend de nous, ce sont ceux de nos âmes. Nous pouvons nous avancer vers lui les mains vides, si nous avons un cœur rempli du désir de l’aimer et de le servir, un cœur débordant de foi, d’espérance et de charité, un cœur qui ne rechigne pas à faire silence pour l’écouter, un cœur qui ne s’économise pas par paresse ou par peur mais un cœur qui réponde vite et bien aux impulsions de l’Esprit Saint. Nos mains peuvent être vides à condition que batte en nous le cœur des mages.
 
Comme eux, nous sommes venus de loin, de très loin. Nous venons des ténèbres du paganisme. Certains, parmi nous, ne sont chrétiens ou ne le sont redevenus que depuis quelques années, quelques mois, quelques jours peut-être. Nous avons été tirés par le Christ du pays du péché, pays de l’ombre et de la mort éternelle. Comme les mages, nous n’avons pu nous satisfaire des nourritures terrestres et encore moins des biens de supermarchés dont on a voulu nous gaver. Nous n’avons pas voulu nous laisser enfermer dans des batteries comme des poulets. Comme les mages, nous avons levé les yeux au ciel. Nous avons fouillé la nuit à la recherche d’une étoile qui puisse diriger notre vie. Cette lumière, nous l’avons vue et nous l’avons pourchassée parfois pendant de nombreuses années. Comme les mages, nous avons dû traverser, avant de l’atteindre, de grandes villes, des Babylone aux costumes de Jérusalem. Nous avons posé des questions et l’on nous a ri au nez ou fait semblant de nous écouter. Combien de rois Hérode, de puissants et malfaisants petits despotes, de prétendus savants et spécialistes, de pseudo-sages et maîtres ont voulu nous guider, se servir de nous, abuser de notre charité et de notre espérance ? Mais nous n’avons pas été dupes. Comme les mages, nous avons dû suivre notre bonne étoile, n’écoutant que notre cœur, jusqu’au jour où nous avons vu la lumière se poser au-dessus d’une cité appelée Bethléem, figure de l’Église catholique. Nous avons poussé la porte de l’Église et nous sommes entrés. Nous nous sommes frayés un chemin au milieu de la foule, au milieu des bergers, des ânes, des bœufs et des anges. Comme les mages, enfin, nous avons vu l’enfant et Marie, sa mère et nous nous sommes prosternés aux pieds de Jésus. Cet enfant qui est notre roi et dont le plus beau présent est notre présence.

Frère David Perrin

Frère David Perrin