Les signes de la foi
Solennité de saint François-Xavier
Il va de soi que vous avez écouté l’Évangile* d’une oreille des plus attentives. Non que j’en doute, mais permettez-moi tout de même de vous poser une petite question de compréhension du texte. Quels sont, dans l’Évangile que nous venons d’entendre, ceux qui doivent ou peuvent opérer des signes prodigieux ? Spontanément, la réponse s’impose : ce sont les apôtres, ceux que le Christ envoie en mission, qui ont ce pouvoir afin que les signes qu’ils posent viennent accréditer leur prédication. Réponse spontanée, évidente. Mais est-ce bien là ce que dit l’Évangile ? Pas si sûr.
En effet il semble plutôt dire qu’ils sont en réalité trois à pouvoir opérer des signes : premièrement, ceux qui ont cru (« voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants ») ; deuxièmement, Dieu (« le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient ») ; et troisièmement les prédicateurs. Sauf que pour ces derniers, cela n’est pas dit explicitement. Nous ne faisons que le déduire du verset qui vient d’être mentionné. Que convient-il d’en retenir ?
Premièrement, c’est Dieu qui ultimement opère les signes. Au sens où il en est toujours la cause première. Sans rien enlever au rôle et à l’action des causes secondes (nous, en l’occurrence), Dieu (cause première) est toujours celui qui opère ces signes qui dépassent les seules capacités des causes secondes que nous sommes. C’est une évidence. Mais nous ne perdons rien à nous la rappeler…
Deuxièmement, les signes qu’opèrent ceux qui ont cru sont la conséquence de leur foi (c’est parce qu’ils ont cru qu’ils sont en mesure d’opérer des signes) et non la cause de leur foi (c’est parce qu’ils ont vu des signes merveilleux qu’ils croient). La foi est première et elle est nécessaire non seulement pour poser des signes mais aussi, tout simplement, pour les voir et les reconnaître.
Troisièmement, les signes sont d’abord ceux des croyants et par suite ceux des missionnaires. En définitive, croyants et missionnaires sont les mêmes au sens où celui qui est devenu croyant devient nécessairement missionnaire. C’est parce qu’il est croyant qu’il est missionnaire. Et il ne peut être croyant sans être missionnaire. De sorte que celui qui n’est pas missionnaire témoigne par là que sa foi reste bien fragile.
Par l’intercession de s. François-Xavier, que le Seigneur nous donne la grâce non pas tant de poser des signes prodigieux que de croire et d’annoncer ce à quoi à nous croyons, Celui en qui nous croyons. Amen.
fr. Romaric Morin