TO 20, vendredi, Mt 19, 3-12
Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas !
Matthieu 19. Retenons cette référence si simple : Matthieu 19. Lorsque les habiles des temps modernes s’approchent pour dire : « c’est l’Eglise qui a durci l’enseignement du Christ en matière de mariage, c’est l’Eglise encore qui a inventé le célibat consacré » – nous pouvons répondre avec Jésus : N’avez-vous pas lu l’Ecriture ? Ouvrez Matthieu 19.
Le mariage, abord. Cher aux yeux de Dieu, tellement précieux pour lui qu’il en fait le signe de son Alliance. Au commencement, l’homme est créé comme une famille, un homme et une femme, destinés l’un à l’autre, servant l’un l’autre dans une destinée commune d’une vie avec Dieu, devenant un par leur don réciproque. Dieu crée en nous une capacité de nous donner, nous donner entièrement, intégralement. D’ailleurs, c’est cela, la chasteté – la vertu qui permet un don intégral de soi. Non pas par une nécessité d’une nature animale, ni par une convention sociale vide et passagère, mais par un don profondément personnel, engageant tout notre être, donc aussi bien notre corps, que notre volonté, notre intelligence, notre culture et notre avenir. Dieu nous a octroyé cette dignité de pouvoir faire un don de tout nous-mêmes. Ne serait-il pas de la dureté du cœur que de nous condamner à des imitations de mariage qui ne peuvent pas tenir.
Le mariage donc, dans sa dignité inaliénable. Mais aussi dans l’enseignement de Jésus comment ne pas voir la beauté du célibat consacré ? Le Royaume des cieux est là, le temps du Messie est venu, Dieu peut remplir la vie de l’homme avec abondance et simplicité. Dire que le célibat pour Dieu n’a aucun sens revient à affirmer que Dieu ne s’intéresse pas vraiment à notre cœur, qu’il n’est qu’une abstraction incapable d’aimer et être aimé en retour.
Certes, notre affectivité, quel que soit notre état de vie, est profondément blessée. Ici, tous nous sommes logés à même enseigne. La convoitise, le désir mal-ordonné, la soif de la domination, l’attrait des échappatoires faciles et en-deçà de notre dignité – ce combat est absolument commun. Il n’a rien d’honteux ou de superficiel. Il s’agit de l’intégrité du don que nous pouvons faire de nous-mêmes et donc de notre dignité. Mais une chose que de connaître les chutes sur ce chemin, l’autre – que de le refuser radicalement. Ici, la parole du Christ est sans appel : la beauté de notre vocation vécue dans le réalisme de notre chair est pour lui un point qu’il refuse de négocier avec la dureté de notre cœur. Matthieu 19 donc. Une page terrible et magnifique.
fr. Pavel Syssoev, op