Monter au sommet

par | 10 mars 2020

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Oui, elle est haute cette montagne sur laquelle Jésus nous emmène. Laissant derrière nous, peut-être une vallée, une plaine. En ce deuxième dimanche de carême, le Seigneur nous invite à monter. Une montée certainement longue et difficile. 

Prendre de la hauteur, nous en avons besoin. Parfois nous avons besoin de quitter la vallée du quotidien. Dans une année, pendant 40 jours, c’est nécessaire pour notre équilibre de quitter les lieux de nos représentations. Pour se ressourcer. Là, haut sur la montagne, qu’est-ce que nous y découvrons ?

C’est la blancheur de ses vêtements qui deviennent comme la lumière. C’est son visage qui devient brillant comme le soleil. Blancheur, lumière, éclat, au sommet de la montagne. Jésus s’est montré dans son état glorieux, lumineux.

La lumière et la blancheur qui ont entouré Jésus sur la haute montagne l’identifient à celui qui est la source de toute lumière, Dieu Père et ce fils lumière née de la lumière. Ainsi la proposition de Pierre est tout à fait compréhensible, « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

Peu de temps avant, Jésus avait annoncé à ses disciples sa passion. Il leur avait dit qu’il allait souffrir beaucoup, mourir et ressusciter. Aujourd’hui, c’est son visage de ressuscité que les trois disciples découvrent par anticipation. Mais cette vision ne dure pas. Pierre n’aura pas à dresser trois tentes pour séjourner sur la montagne.  Les apôtres découvrent, là, qui Jésus est vraiment.

Au-delà du Jésus que les disciples croyaient bien connaître pour avoir tout quitter et l’avoir suivi ; sur la montagne où Jésus les a fait monter, Pierre, Jacques et Jean découvrent le Christ glorieux !

Les disciples voient Jésus en gloire entouré de Moïse et d’Elie. Pierre, Jacques et Jean sont tellement bien qu’ils veulent retenir cette apparition. Ils voudraient tant prolonger cette vision. Ils voudraient rester sur la montagne et ne plus redescendre dans la vallée de la vie quotidienne. Une nuée va alors les envelopper. Ils vont être saisis de crainte et entendre une voix de la nuée qui désigne Jésus comme Fils bien-aimé, en qui le Père trouve sa joie. Et à ce moment, il ne restera que Jésus seul. Moïse et Elie ne sont plus là.

Les disciples ont gravi la montagne. Et là, ils découvrent Jésus pas comme seulement un homme éclairé et resplendissant, mais aussi il est Dieu, source de toute lumière ; non pas comme un prophète de Dieu comme Elie, mais Dieu des prophètes ; non pas un homme de la Loi comme Moïse, mais la source de la Loi.

 

Les disciples, il leur faudra descendre de la montagne. Retrouver le quotidien à la suite de Jésus.  Afin d’éviter les confusions et les fausses interprétations, Jésus défend de raconter à personne ce que les trois disciples avaient vu. 

Dans notre montée vers pâques, le Seigneur nous donne comme le jour où il a anticipé sa résurrection devant les disciples, de vivre déjà du royaume de Dieu. Il nous donne de découvrir déjà dans notre vie l’expérience de la résurrection et il nous appelle à vivre comme des ressuscités. C’est à une révélation de gloire de Dieu que nous sommes conviés. Mais il nous faudra gravir la montagne et descendre.

Notre propre chemin du quotidien passe par bien des étapes. Monter et descendre. Des moments instantanés que nous vivons avec Dieu, sont comme des lieux de rayonnement. Non pour nous extraire des réalités de la vie, mais pour les vivre pleinement.

Quand c’est ténébreux, quand la stupeur ou la peur nous envahit, comme elle a envahi Pierre et ses deux compagnons, alors le Seigneur vient à notre rencontre pour nous rassurer « relevez-vous et soyez sans crainte ! »

Le message que Jésus transmet, ce sont les paroles du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Ecouter le Fils, cela veut dire contempler la personne qui parle, mettre en pratique ses conseils, faire sa volonté.  Marcher à sa suite, donc, prendre notre croix pour le suivre. 

Jésus porte en lui la plénitude de la parole. C’est lui qui nous donne le vif désir de faire sans cesse la joie du Père, et d’accomplir en toute chose ce qui lui plait.

Restons en écoute et continuons donc avec confiance notre chemin avec le Christ. Pour que l’instant passé au sommet de la montagne devienne pour nous l’éternité.

Fr. Antoine Tingba