Notre GPS c’est le Christ

par | 7 janvier 2019

Frère Nicolas-Bernard Virlet

Les bergers sont venus dès la nuit de la Nativité adorer l’enfant Dieu : pauvres, ils n’étaient pas encombrés, entravés par leurs biens. Nous étions avec eux dès ces premières heures.
Puis il y a aujourd’hui, ces trois rois venus de loin adorer à leur tour le Seigneur enfant. Ils représentent dans l’espérance, dès le début, toute l’humanité appelée au salut. Ils arrivent bien après les bergers : sans doute alourdis, ralentis, par les caravanes de leurs richesses et trésors.
St Léon le Grand méditait qu’il y a ainsi en nous le saint, le pécheur et le païen, venant se confier à ses bras ouverts d’enfant Sauveur, préfigurant ses bras, son cœur, de toute miséricorde, ouverts sur la croix au dernier jour.
Quel est notre or, quel est notre encens, quelle est notre myrrhe ?
Faut-il
avoir des lingots à la banque de France ?
dévaliser l’encens d’Ethiopie de la sacristie des dominicains ?
dérober une caisse des meilleurs parfums de Dior ou de Givenchy … ?
Non ! devant Jésus enfant, avant et après tout :
notre or est celui de notre charité, de notre aumône,
notre encens est celui de notre espérance, de notre prière qui monte vers le Seigneur (Ps 141,2),
notre myrrhe est le parfum de notre foi, de notre jeûne, de notre mort au péché pour la vie éternelle (Mt 6,1-6+16-18).
Telle est la véritable adoration des baptisés, « en esprit et en vérité » (Jn 4,23), formant le peuple de Dieu : peuple de prophètes, de prêtres et de rois.
Comment faire ? comme Jésus ! Il faut donc sans cesse le contempler, regarder comment il fait lui-même, ayant l’initiative en toute chose, en particulier de ce qu’il nous demande alors de faire à sa suite : obéissant à son Père jusqu’à la mort sur la croix, pour nous sauver.
Il jeûne de sa condition divine (Ph 2,6-8), il nous prie à genoux au lavement des pieds de nous laisser faire par son amour (Jn 13,1-17), il nous fait l’aumône de sa vie divine sur la croix pour nous sauver. Il nous regarde, nous envisage, avant même que nous puissions le voir, le contempler : comme pour Nathanaël (Jn 1,50) ou les quatre premiers disciples (Mt 4,18+21)
Ainsi pour arriver auprès de lui, l’unique Sauveur, il faut se brancher sur le bon GPS, se laisser guider par le bon satellite, la bonne étoile, la vraie lumière dans les nuits du monde (Mt 2,10), comme il le fait lui-même en s’en remettant à la volonté de son Père : le GPS du Fils c’est la parole du Père. GPS divin qui nous accompagne de près, patiemment, fidèlement, sur notre chemin si souvent tortueux (Is 48,17), avec des haltes difficiles, comme ces rois dans leur quête avec leur étape à Jérusalem : et même s’il y a des égarements, il nous attend, nous récupère, comme la brebis perdue (Lc 15,4-7), comme les disciples d’Emmaüs désespérés (Lc 24,13-35).
Presqu’arrivés, ils auraient pu être encore détournés par Hérode de leur pèlerinage. Comme Jésus lui-même sera tenté jusqu’au bout, sur la croix, par la foule reprenant la provocation du diable au désert des premiers jours : « Si tu es le Fils de Dieu, descend de la croix, sauve toi toi-même » (Mt 27,40). Tant de fausses et inutiles paroles, de faux conseils inondent notre quotidien, manipulent les personnes et des peuples entiers, veulent nous détourner du chemin véritable.
Ainsi, pour arriver au Sauveur qui nous conduit au Père, ce n’est pas la voix de Georgette ou de Vanessa qu’il faut choisir sur le GPS, mais celle de la Vierge Marie qui ne cesse de nous dire pour nous amener à Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » Quand Georgette nous dit : « dans 300 m, au prochain rond point, prenez la 2ème sortie » : nous le faisons. Alors pour arriver le plus rapidement et sûrement, pas pour quelques heures seulement de joie passagère sans lui, mais pour la vie éternelle bienheureuse avec lui dans la demeure du Père, pourquoi ne pas obéir humblement : en se laissant éclairer, guider par la seule parole de Dieu que seule l’Eglise nous transmet en plénitude dans l’Esprit Saint.
Alors, sans tarder, nous trouverons tout, comme cela nous est dit : aux premiers jours comme les bergers (Lc 2,15-16), jusqu’aux derniers jours comme les apôtres pour les préparatifs de la Pâque (Lc 22,13) ou pour rencontrer Jésus ressuscité en Galilée (Mt 28,6-7+Jn 21).
Depuis 50 ans ? non, depuis 2000 ans, « GPS » veut d’abord dire : « Guidage Par le Sauveur » ! Notre GPS, c’est le Christ, le Verbe du Père : c’est l’étoile du berger, du Bon Pasteur, de la parole de Dieu, des sacrements de l’Eglise, dans les ténèbres de notre monde.
Oui, venez et voyez, prosternons-nous, adorons le Seigneur qui nous a faits et qui vient nous recréer en sa miséricorde.
Alors « Ils repartirent par un autre chemin » : car rencontrer le Christ en vérité, qui est le Chemin, conduit toujours à repartir par un autre « chemin ». Ainsi soit-il en nos vies.
fr Nicolas-Bernard Virlet o.p.

Frère Nicolas-Bernard Virlet

Frère Nicolas-Bernard Virlet