Rechercher les réalités d’en haut par la foi

par | 9 novembre 2023

Fr. Guillaume Petit

« Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision » (2Co 5, 7). Nous avons bel et bien été consacrés à Dieu en recevant le baptême, et « dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » (1Jn 3, 2). Notre condition dans cette vie présente est donc étrange : d’un côté, nous appartenons exclusivement à Dieu mais de l’autre, « notre vie reste cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3) et nous menons notre vie présente dans la chair. Pour le dire autrement, avec les mots mêmes du Seigneur : « Vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde » (Jn 15, 19). Par conséquent, nous sommes invités à comprendre notre vie chrétienne comme un passage, une pâque, des réalités sensibles qui passent aux réalités spirituelles qui ne passent pas, un passage de ce monde transitoire au plein accomplissement de l’histoire en Dieu.

C’est dans cette perspective que l’Église consacre, met à part, des personnes, des temps et des lieux : il s’agit d’appartenir exclusivement à Dieu, qui est le vrai terme de notre vie. En célébrant la fête de la dédicace du Latran, nous nous souvenons que la cathédrale de l’évêque de Rome a été dédiée au Saint-Sauveur en 324 par le pape Sylvestre. Par la suite, saint Jean Baptiste (Ixe s.) et saint Jean l’évangéliste (XIIe s.) ont été adjoints à ce titre. La dédicace d’une église nous rappelle que le lieu est retiré de l’usage profane pour devenir « la demeure de Dieu parmi les hommes », c’est-à-dire le lieu physique où se rassemble le peuple de Dieu uni au successeur de Pierre, principe et fondement visible de son unité. Saint Pierre exhortait ainsi les premiers chrétiens : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ » (1P 2, 5).

Nous sommes appelés à « rechercher les réalités d’en-haut » (Col 3, 1). Entrer dans une église, c’est entrer, par le moyen de symboles concrets et visibles, dans la présence invisible de Dieu qui se révèle à son peuple et se donne à lui dans les sacrements qu’il a lui-même institués pour nous et pour notre salut. L’architecture du lieu, sa beauté et son harmonie expriment quelque chose de la lumière inaccessible de Dieu. Mais plus encore, « cela culmine dans la célébration eucharistique dans laquelle l’ecclesia, c’est-à-dire la communion des baptisés, se retrouve unie pour écouter la Parole de Dieu et pour se nourrir du corps et du sang du Christ. Autour de cette double table, l’Église de pierres vivantes s’édifie dans la vérité et dans la charité, et elle est façonnée intérieurement par l’Esprit Saint : elle se transforme en ce qu’elle reçoit, et elle se conforme toujours davantage à son Seigneur Jésus Christ »[1].

Que l’Esprit Saint, aujourd’hui, fasse de nous une vivante offrande à la gloire de Dieu. Amen.

fr. Guillaume Petit

[1] Benoît XVI, Angélus du 9 novembre 2008.

Fr. Guillaume Petit

Fr. Guillaume Petit