Saint Dominique
La Mascarella, peinture du XIIIème siècle réalisée juste après sa canonisation, représente saint Dominique entouré de ses frères au réfectoire. La table dressée, avec ses plats – des livres, du pain et du vin – n’est pas que conventuelle, elle évoque l’institution de la Cène du Seigneur. Est-ce si surprenant de représenter saint Dominique avec ses frères célébrant l’eucharistie ? Nos frères qui nous ont précédé avaient déjà pris conscience de la messe comme source et sommet de toute vie chrétienne. L’eucharistie n’est pas d’abord une question de rite ordinaire ou extraordinaire mais avant tout un sacrement, lieu du banquet céleste où le Christ se rend présent et nous propose un chemin de conversion tout en nous rassasiant de ces dons précieux : la miséricorde, la vérité et la charité.
Cette scène de la mascarella montre la vie fraternelle, une vie humaine et communautaire inscrite dans la relation amicale avec Dieu en vue de prêcher le royaume de Dieu. Au cœur de la table conventuelle, saint Dominique et ses frères mettent la table de l’eucharistie où sont célébrés la présence du Christ sauveur. Saint Dominique et ses frères témoignent de leur soif et de leur désir de recevoir de leur Seigneur le don du pardon sur la table de la miséricorde, le don de la vérité sur la table de la parole et le don de l’amour sur la table eucharistique. Cette représentation de l’eucharistie fonde l’héritage que saint Dominique laisse à notre ordre et à l’Eglise toute entière.
Ce don du pardon, de la vérité et de la charité offerts par Dieu dans l’eucharistie façonnent notre engagement religieux. Nos vœux (obéissance, pauvreté et chasteté) nous entraînent à mettre au cœur de notre existence la conversion en considérant ce qui est vraiment essentiel, ce qui convient à notre nature et en se dégageant du superflu et de tout ce qui peut nuire. Cette démarche nous invite à découvrir les véritables richesses de la vie et les transformer en motifs et moyens d’épanouissement. Là se trouve le tremplin en vue de tendre à notre accomplissement : la béatitude promise par Dieu. Ce bonheur se concrétise dans la prise de conscience de notre identité en tant qu’enfant de Dieu pardonné qui se déploie à travers notre vocation dominicaine comme prédicateur de la miséricorde de Dieu en vue de partager son règne et d’édifier l’amitié avec Dieu dès ici-bas.
L’eucharistie, comme don du pardon, de la vérité et de l’amour, façonne notre expérience propre en tant que Dominicain. Cela se concrétise à travers les piliers de la spiritualité dominicaine : dans la consécration de soi-même à Dieu et avec l’aide des frères dans la vie communautaire, d’étude et de prière, et auprès de ceux à qui nous sommes envoyés dans la prédication. Être à table avec saint Dominique, c’est vivre le pardon, la vérité et l’amour de Dieu dans tous les fondements de notre vie dominicaine, dans toutes les dimensions de notre être d’enfant de Dieu.
L’intention qui anime tout dominicain se résume ainsi : devenir pas à pas des fils de Dieu pardonnés et miséricordieux, illuminés et radieux de la vérité, désireux d’être, d’agir et d’exister dans la charité en vue de célébrer dans la vie éternelle le banquet céleste.