Si tu savais le don de Dieu

par | 12 mars 2023

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En ce début de prédication, les circonstances me donnent l’occasion de vous remercier de votre soutien humain, spirituel et amical à mon égard et qui m’a porté durant ces 4 mois d’hospitalisation. Vous avez prié, vos prières ont touché le coeur de Dieu et me voici de nouveau devant vous. Ce matin, avec vous, je souhaite ardemment rendre grâce au Seigneur de me permettre d’être auprès de vous après cette expérience de santé qui m’a permis d’expérimenter et de savourer la victoire de la vie sur la mort.

Les paroles de ce si bel évangile de la samaritaine, vous en conviendrez, sonnent d’autant plus à propos à nos oreilles. Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. Ce dialogue entre cette femme et Jésus relate à merveille l’échange admirable des désirs profonds qui animent et surgissent des entrailles de chacun. D’un coté, nous avons la samaritaine qui représente l’humanité, cette vie terrestre en quête de vie éternelle et donc de divinité. De l’autre coté, nous avons le Christ qui incarne la divinité couplée à l’humanité, la vie terrestre unie à la vie éternelle, qui vient auprès de nous, qui n’a qu’un souhait : nous l’offrir et nous partager la vie de son Père et notre Père, de son Dieu et notre Dieu comme il le dira à Marie-Madeleine au jour de sa résurrection. De l’un et de l’autre coté, nous avons la volonté d’unir ce don de Dieu à chacun de nous et ainsi de construire la famille de Dieu. Ce don de Dieu, c’est cette eau vive acquise pour nous par le Christ, source de vie qui jaillit au plus intime de nos cœurs et nous offre cette réalité concrète, ultime et véritable de l’éternité, reçue et expérimentée à travers la vertu de l’espérance.

Cette espérance répond à une attente humaine, déjà prédisposée en nous par ce sentiment de l’espoir qui sommeille en nous et qui n’espère qu’une chose, s’éveiller à travers cette tendance et inclination à la vie enfouie en nous et se concrétiser par la force puisée en nous en vue de vivre et répondre à notre état de créatures de Dieu. Car assurément, la vie ne cesse d’être en nous, inscrite au plus profond de nos tripes et entrailles, d’autant plus dans les pires expériences vécues et notamment celle de la maladie. Dans ces moments, nous prenons conscience de la vie qui est en nous et qui nous anime d’autant plus quand elle se réduit à presque rien, contraint à rester alité avec des tuyaux de partout, quand il est à peine possible de respirer et de se nourrir par soi-même et d’être si dépendant des machines et des autres pour assurer chaque mouvement de vie qui en temps normal ne demande aucun effort et s’effectue si naturellement. Et pourtant, vous êtes toujours là, et vous faites l’expérience de l’existence qui est en vous, se rappelle à vous, se développe à nouveau en vous. Alors, vous la goûtez et la savourez comme un don si précieux, si fragile qui ne tient qu’à un fil et qui en même temps n’a qu’une envie, de jaillir de vous et manifester sa force à travers les fonctions vitales en vue de retrouver une autonomie digne d’un enfant de Dieu.

Et alors, vient le Christ, avec ses multiples grâces et vertus et notamment l’espérance, cette eau vive qui comble notre soif, notre appétit spirituel qui n’est autre que l’inclination à la vie éternelle. Et il est important d’insister sur l’espérance, vertu théologale qui unit la foi et la charité. L’espérance trouve sa source dans la foi, contenu des mystères de Dieu qui éveille le désir de la réalité de la vie et se concrétise dans la charité en se déployant dans l’amitié divine et sociale. Et je ne suis pas le premier à le dire. Ce n’est pas pour rien que saint Thomas étudie, dans la somme de théologie, l’espérance après la foi comme source de l’espérance et avant la charité comme effet de l’espérance. Cette réalité de la vie éternelle qu’est l’espérance, ne reste pas sans effet, elle est vie, existence, subsistance qui nous ouvre à Dieu et notre prochain. Et Dieu est là, toujours là, dans le don de son fils, dans le don de sa vie jusqu’à mourir en vue de ressusciter et ouvrir les portes de la vie éternelle à nous, ses fils et filles de Dieu.

Vivre de l’espérance revient à recevoir, dès cette vie terrestre, cette réalité du salut, la vie éternelle qui rejoint et comble l’espoir humain. Ce sentiment où est pré-inscrit, dans le cœur de l’homme, cette espérance, ravive le désir de cette vie céleste, acquise par le Christ médiateur, dispensée à travers la victoire de la vie sur la mort, offerte par le Christ qui s’unit, dès à présent, en cette vie terrestre, dans le cœur de chaque fidèle, faisant de la mort non pas un arrêt brutal de la vie terrestre mais une juste transition et une simple continuité de la vie terrestre à la vie céleste.

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Fr. François-Régis Delcourt