Tout est accompli – Vendredi saint

par | 7 avril 2023

Fr. Gilbert Narcisse

La dernière parole de Jésus sur la Croix est : « Tout est accompli ». En grec, c’est un seul mot : « tétélestaï », tout est parvenu à sa fin ; tout est achevé : « consummatum est ». Un seul mot, à bout de souffle, avant de mourir, d’incliner la tête et de remettre son esprit, d’expirer le dernier souffle du Verbe incarné.
« Tout est achevé » : c’est d’abord l’Ecriture, qui est « accomplie ». La Passion selon saint Jean est présentée comme l’accomplissement de l’Ecriture. Cela signifie, à l’inverse, que toute l’Ecriture, Ancien et Nouveau Testament, pointe vers la Croix du Christ et que c’est la Croix qui délivre le sens ultime des Ecritures. Toute la Bible parle du Christ et toute la Bible parle de la Croix du Christ. Origène dira que les Ecritures sont partout vermeilles du Sang du Christ, donc écrites avec son Sang et à lire à lumière de ce rouge vif.
« Tout est achevé » : la souffrance, bien sûr. Celle de la trahison, du reniement, de la traitrise, du jugement faux, du blasphème « nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur » ; la souffrance physique ; la souffrance morale ; surtout la souffrance spirituelle du combat contre les ténèbres du péché et de la mort.
« Tout est achevé » : l’Eglise, car près de la Croix se tenaient sa Mère et, près d’elle, le disciple qu’il préférait. L’Eglise est déjà là en Marie, confiée au disciple de l’amour, comme pour dire à tous ceux qui seront près de la Croix que c’est en disciple de l’amour qu’on comprendra quel amour est vécu sur la Croix. La Mère de Jésus et le disciple bien aimés célèbrent le premier Vendredi-Saint. Près de la Croix, près de Marie, tel est le disciple préféré de Jésus.
« Tout est achevé » : près de la Croix de Jésus, il faudra choisir : serais-je Judas, accompagné des puissants de ce monde ? Serais-je Pierre, provoquant le chant du coq ? Serais-je ce garde qui reproche à Jésus, et à tous ceux qui parleront en son nom, d’avoir mal parlé ? Serais-je Pilate, pour demander, désabusé et cynique, qu’est-ce que la vérité ? Serais-je, enfin, dans la foule qui crie : « A mort ! A mort ! Crucifie-le ! » ?
Ni l’un, ni l’autre, Dieu m’en garde.
Je suis dans cette église,
pour que le Christ me dise, les yeux dans les yeux : « tout est achevé » ;
pour écouter, avec Marie et le disciple bien-aimé, le récit du plus grand amour.

 

Fr. Gilbert Narcisse

Fr. Gilbert Narcisse