Voici Marie au ciel !

par | 19 août 2018

Frère David Perrin

Marie était allongée sur le lit. Jean, le disciple bien-aimé, était là qui veillait. Il savait que la fin était proche. La Mère du Seigneur allait bientôt rejoindre son enfant et son Dieu. Ce n’était plus qu’une question d’heures, peut-être de minutes. Sur son visage, nulle trace d’angoisse ou de souffrance. Marie respirait paisiblement, profondément. Qui aurait pensé en la voyant qu’elle les quitterait, qu’ils ne la verraient plus, qu’ils ne l’entendraient plus ? La Mère du Seigneur s’éteignait doucement.

Soudain, Jean sut que l’heure était venue. S’il n’avait pas vu sa poitrine se soulever un peu plus, s’il n’avait pas entendu Marie pousser son dernier souffle comme un murmure, si les draps n’avaient pas légèrement bougé, jamais il n’aurait su que la Mère de Dieu avait remis l’esprit.

Au lieu d’aller réveiller les autres, Jean préféra demeurer seul avec elle dans la chambre. Puis vaincu par la fatigue, il s’endormit. Quand il ouvrit les yeux, Marie n’était plus là. Elle avait disparu. Sur le lit demeuraient les traces de sa présence, l’empreinte encore chaude de son corps. Il se leva, appela. Personne ne répondit. Les frères se réveillèrent, cherchèrent autour de la maison mais ils ne trouvèrent pas Marie. Ils levèrent alors les yeux au ciel comme ils avaient autrefois regardé Jésus s’élever au-dessus d’eux puis disparaître dans les nuées. Mais leurs yeux se perdirent dans le bleu infini du ciel.

Marie avait été mystérieusement enlevée, transportée par les anges. À l’appel de son Fils, elle fut élevée, âme et corps, jusque dans la demeure de Dieu. À son réveil, les portes du Royaume s’ouvrirent devant elle. Elle vit dans la salle des Noces l’armée céleste des anges puis au fond le trône de Dieu : Père, Fils et Saint-Esprit. Pas après pas, la Vierge s’avança. Les anges à son passage s’inclinaient : une femme, une humaine parée comme une reine, éblouissante de sainteté, rayonnante de beauté. Sur elle, la lumière du Fils resplendissait d’un éclat sans pareil.

Voici Marie au ciel ! Ses yeux qui sur terre ne supportaient pas l’éclat du soleil, les voilà qui regardent face à face le Créateur du monde. Ses mains qui ont bercé, caressé, consolé, les voilà qui touchent et pour toujours le Verbe de Vie. Ses jambes qui ont tant marché sur les chemins de Galilée, les voilà qui dansent de joie. Ce cœur qui a tant battu, qui s’est tant inquiété de la peine des hommes, le voilà battant pour l’éternité, inondé de Vie.

Dans ce mystère inaccessible à nos yeux, incompréhensible à notre âme, Dieu prononce le fin mot de notre histoire. Il nous dit en Marie ce qui nous attend. Car la Vierge est pour nous comme une lumière au bout du tunnel. En elle, sont réalisées d’une manière unique les promesses de Dieu pour son Peuple.
L’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par « un même et unique décret » de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles. (Pie XII)

Nous savons qu’il n’en sera pas ainsi pour nous au jour de notre mort. Notre âme et notre corps seront séparés. Notre âme seule, si elle est dans la grâce, s’envolera vers Dieu. Mais nous savons car Jésus et Marie ressuscités, glorifiés nous le montrent, qu’au dernier jour, le Seigneur Dieu ressuscitera notre chair mortelle pour lui donner l’immortalité et pour qu’elle jouisse elle aussi de la Vie éternelle. Saluons donc aujourd’hui la Mère de Dieu, saluons son Fils Unique qui l’a appelée à lui. Demandons au Roi des Rois par l’intercession de sa Reine de nous rendre dignes au dernier jour de participer avec eux au festin des Noces éternelles.

Fr. David Perrin o.p.

Frère David Perrin

Frère David Perrin